Base Martha

 

Base Martha  -  2019 / 2020 - Marseille

Exposition personnelle à la galerie Dominique Fiat, Paris - 2020

ART FAIR - ART PARIS - Grand Palais - Galerie Dominique Fiat - 2019

http://dominiquefiat.com

Base Martha

Dessins à la pierre noire sur papier Hahnemühle Bamboo 265g.

125 / 187 cm.

Base Martha

Gommes Bichromatées et pierre noire sur papier Hahnemühle Bamboo 265g.

36 / 48 cm.

A propos de la Base Martha

 

C’est un colosse de béton armé brut de 251 mètres de long et 45 de large, protégé par un haut mur, face à la mer. Niché dans le port autonome de Marseille, ce bunker (dont le nom de code était Martha) devait devenir la principale base de sous-marins allemands en Méditerranée durant la seconde guerre mondiale. Il fut commencé en mai 1943 par l’Allemagne nazie. Le débarquement massif des forces alliées en août 1944 marqua la fin du chantier. Les travaux ne furent jamais achevés. Il ne manquait que la mise en eau.

La structure était censée résister aux bombes de 10 tonnes avec un toit de 7 mètres d’épaisseur et des murs d’enceinte de près de 3 mètres. Sa démesure le rend indestructible. En 1944, ce bunker symbolisait l’occupation allemande à Marseille. Considéré comme une verrue dans les années 60, il entre dès les années 80 dans le patrimoine de l’histoire urbaine de la ville. Aujourd’hui, sa requalification en DATA CENTER lui offre une nouvelle perspective fonctionnelle et architecturale.

 

La Base Martha est un site particulièrement édifiant et chargé, car il renvoie directement à un épisode noir et récent de notre histoire, la seconde guerre mondiale et ses horreurs. La présence des nazis se lit encore sur les murs du colosse (peintures rupestres bavaroises, croix gammées, écritures allemandes). On ne peut échapper à la projection de la folie des hommes et de la guerre. Restée en suspens depuis plus de 75 ans, la Base Martha est marquée par le temps, il se devine dans l’extraordinaire complexité du béton. 

Chaque dessin s’appuie sur un travail photographique en amont. C’est la première phase de mon travail. Les prises de vues ont été réalisées la semaine précédent les travaux de restructuration qui modifieront définitivement la nature première du bâtiment. 

 

Mon travail n’est pas documentaire.

Le bâtiment n’est d’ailleurs jamais photographié dans son entièreté ni conceptualisé dans son environnement.

Je n’exploite pas les photographies en tant que telles mais les traite, les développe numériquement dans la perspective des dessins. Chaque zone de l’image est retravaillée, sculptée pour extraire l’essence sensible du sujet abordé. Une opposition constante entre attractivité et répulsion, lumière et obscurité.

La pierre noire, technique de dessin la plus dense qu’il soit, exacerbe les noirs. La lecture spatiale et fonctionnelle du lieu se brouille.

 

Cadrages, contraste et densité participent à l’élaboration d’une réalité fictive. 

Les grands formats et l’utilisation de ce médium (pierre noire) permettent un traitement très précis des détails et une grande variation de nuances. Ainsi, la facture réaliste des dessins renvoie au premier abord au médium photographique et à une certaine forme de réalité. Tout mon travail a pour ambition de développer l’ambiguïté, la dualité entre ces deux médiums, photographie et dessin, objectivité et subjectivité, afin de créer le doute et renforcer le questionnement de ce qui est ou a été, de ce qui relève de la réalité visible ou du fantasme. 

 

Chaque cadre, chaque dessin de cette série est l’expression, la retranscription de mes visions de ce site. Ils sont des portes ouvertes posées par le cadre.

Paradoxalement, chaque représentation participe à la patrimonialisation du monument. Rongé par les stigmates du temps, ce colosse de béton devient un vestige emblématique de notre époque, le temple, le témoin, le paradigme de nos folies contemporaines.

 

Ce site se destine à abriter et protéger un centre de données numériques, données qui sont aujourd'hui au coeur des enjeux de l'organisation de notre monde contemporain.